Le Parisien :Royaume-Uni : croissance en berne à l’approche du Brexit

Alors que la reprise est au rendez-vous pour les grandes économies européennes, l’abaissement brutal des prévisions de croissance du Royaume-Uni provoque un choc dans le pays.
Mercredi, à l’occasion de la présentation du budget de l’Etat, l’institut britannique chargé des prévisions officielles, l’OBR, a lancé une véritable bombe en réduisant drastiquement ses attentes pour l’économie britannique.
Cet organisme public, indépendant du gouvernement, n’attend plus qu’une croissance comprise entre 1,3 % et 1,5 % par an cette année et les quatre suivantes, contre une progression supérieure à 1,5 % voire proche de 2 % du produit intérieur brut (PIB) par an prévue jusqu’ici.

Ces prévisions pessimistes contrastent avec l’habituel dynamisme économique du pays, hormis la crise financière de 2008-2009 qui l’avait plongé dans la récession. Elles choquent d’autant plus qu’au même moment, les principales économies européennes sont portées par une conjoncture meilleure. Elles sont particulièrement mal venues alors que le pays s’apprête à quitter l’Union européenne en mars 2019.

Des négociations à l’issue incertaine avec Bruxelles

Les incertitudes liées au Brexit ont contribué à diminuer les perspectives d’activité pour 2017, 2 018 et 2 019. Au-delà, l’OBR n’a pas intégré l’impact d’une éventuelle absence d’accord entre Londres et Bruxelles, qui provoquerait un séisme commercial. Evoquant les négociations, lors d’une conférence de presse prise d’assaut par les journalistes mercredi après-midi, son président, Robert Chote, a déclaré : « Nous ne savons pas comment (elles) vont se terminer ».
C’est un autre mal britannique qui est la principale cause de ces prévisions déprimantes : la productivité. L’OBR constate que sa progression n’a jamais retrouvé son rythme d’avant la crise financière. Les gains de productivité « reviennent à leur niveau d’avant la révolution industrielle », juge l’ex-gouverneur adjoint de la Banque d’Angleterre, Charles Bean.
Le chancelier de l’Echiquier, Philip Hammond, a été applaudi pour l’habileté de son budget présenté mercredi, des tours de passe-passe limitant la hausse du déficit. Les plus chauds partisans du Brexit ont aussi salué les 3 milliards de livres provisionnés en cas d’échec des négociations avec Bruxelles. Mais le grand argentier britannique a surtout été assailli de questions jeudi matin pour expliquer cette faible productivité dans une situation de quasi plein emploi.

Investissements moindres, infrastructures moins denses

« Les entreprises britanniques investissent moins de capital par travailleur que nos concurrents étrangers, nos infrastructures publiques sont moins denses que dans les autres pays européens et notre niveau de formation est inférieur », a-t-il fini par reconnaître sur la BBC Radio 4.
Philip Hammond a prévenu qu’il faudrait « une génération » au Royaume-Uni pour redresser la barre en termes de formation, par exemple dans le domaine des mathématiques, le temps que les élèves instruits aujourd’hui arrivent sur le marché du travail.
Pour expliquer ce même problème, l’OBR avance le nombre élevé d’emplois peu qualifiés, de faibles investissements dans les machines depuis la crise financière et des conditions de crédit ultra-favorable permettant à des entreprises peu compétitives de survivre en s’endettant.

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